Un interminable voyage…
Après être allé jusqu’à Ribadeo l’année précédente, j’avais comme un goût d’inachevé qui subsistait à mon retour à Rennes, car je m’étais arrêté aux portes de la Galice. J’avais cependant, si vous vous en souvenez, quand même poussé un peu plus loin, dans le but de voir le fameux “Banco más bonito del Mundo”, à la vue époustouflante. Mais les 3h de route aller-retour ne me permettaient pas vraiment de prendre le temps d’explorer d’avantage ce secteur. De plus, depuis ce banc, je pouvais voir le Cabo Ortegal, et je dois dire que j’avais très envie d’y aller mais, malheureusement, le temps m’a fait défaut.
Cabo Ortegal vu depuis Loiba. Avril 2024
C’est donc assez naturellement, qu’au moment de planifier un voyage pour le printemps 2025, j’ai commencé à m’intéresser à cette partie de la Galice. Outre le Cabo Ortegal et son phare, la région présente d’autres attraits, notamment les falaises de Vixía Herbeira qui, avec leurs 620m au point le plus élevé, s’avèrent être les plus hautes falaises d’Europe continentale. Voilà déjà deux bonnes raisons d’aller dans cette région mais ce ne sont, bien entendu, pas les seuls points d’intérêt : les rias, montagnes, et autres cascades viennent compléter le tableau.
Cette fois, plutôt que de déménager tous les 4 ou 5 jours, je souhaitais prendre le temps de mieux connaître le secteur, de pouvoir retourner à loisir aux mêmes endroits si les conditions météorologiques l’imposaient. Ce qui, vous le verrez, était plutôt une bonne idée. J’ai donc arrêté mon choix sur Cariño. C’est une petite ville de bord de mer, située dans la Ría d’Ortigueira et nichée au pied de la montagne où se dresse le phare du Cabo Ortegal.
En cherchant un hébergement, je me suis vite rendu compte que l’endroit devait être assez touristique, même en cette saison. Ce que je n’avais pas pris en compte et que je n’ai réalisé qu’une fois sur place, c’’est que j’avais assez mal choisi mes dates : cette année la Semana Santa correspondait à la première semaine de mon séjour. L’an passé, j’avais pris soin de l’éviter mais, n’étant pas des mieux informés en ce qui concerne le fonctionnement de certaines fêtes catholiques, je n’avais pas compris que cette semaine sainte n’était pas toujours aux mêmes dates. Bref, les tarifs ont tendance à augmenter et le choix des hébergements est assez limité pendant cette semaine. Je suis malgré tout parvenu à trouver un petit appartement dans mes moyens, c’est-à-dire inférieur ou égal à 700€ pour les 15 jours. Je sais, ça fait un budget logement assez conséquent mais ce sont les tarifs pratiqués en Espagne de nos jours. Il faut y ajouter 2 nuits d’hôtels à 50€/nuit, pour couper le trajet en deux à l’aller comme au retour. Mais pas moyen de faire autrement, car conduire 13 ou 14 heures de rang n’est plus vraiment dans mes cordes. Vous allez me dire que 800€ pour 15 jours ce n’est pas donné et c’est vrai, on est sur des tarifs équivalents à la France. Là où l’Espagne se distingue, c’est sur les tarifs des carburants, la quasi absence de péages sur les autoroutes cantabriques, et le prix de la nourriture. En gros, plus de la moitié de mon budget est consacré au logement.
Après avoir fait toutes mes réservations, budgetisé le voyage, et trouvé quelques lieux intéressants à photographier, il était temps de partir. Le 12 avril au matin, je prends la route en direction d’Oiartzun au Pays Basque espagnol, où m’attend ma première nuit d’hôtel. Ce n’est pas luxueux, mais ça suffit pour une nuit de repos après 7h de route.
Arrivé à Cariño, il me fallait récupérer les clés de ma location. J’étais un peu en avance sur l’horaire prévu, donc pas de stress de ce côté. J’avais remarqué sur google maps qu’il n’y avait pas de stationnement à proximité. La vieille ville de Cariño, où est situé le logement, est essentiellement constituée de ruelles et autres venelles où les voitures peinent à circuler sans y laisser de peinture, à en juger par les traces sur certains murs du Pueblo, et où la loi de la jungle règne en matière de stationnement. Je savais donc par avance qu’il était inutile de m’engager dans ses ruelles sans quelqu’un pour me guider à travers ce labyrinthe, afin de pouvoir décharger mes bagages au plus près. J’avais donc opté pour un stationnement près du port qui n’est qu’à 5mn à pied.
Je me mets donc à la recherche du futur pied-à-terre pour les 15 jours à venir. Google maps me guide sans souci jusqu’à l’adresse. Le trajet jusqu’à ce dernier me conforte dans mon choix de laisser la voiture à l’extérieur de la vieille ville. Je découvre aussi que c’est très en pente. J’espère juste que les proprios pourront m’indiquer un endroit où me garer, depuis lequel je n’aurais pas à trainer mes bagages depuis le port.
Malgré mes efforts depuis un an pour améliorer mon espagnol, passer un coup de fil aux propriétaires reste une épreuve. J’avais préparé mon speech, mais au bout de quelques secondes j’étais déjà perdu. Heureusement pour moi, le fils de la propriétaire était là, et il maitrise suffisamment l’anglais pour que nous communiquions. J’appelle alors que je suis déjà devant la porte de mon logement. Ils n’habitent qu’à quelques minutes et me rejoignent donc rapidement. Je fais la visite en leur compagnie et je dois dire que je ne suis pas très attentif aux détails : c’est conforme à ce que j’avais vu sur Booking.
Je demande donc au fils de la propriétaire de me guider dans les ruelles afin de me rapprocher au plus près de ma nouvelle adresse. Nous redescendons ensemble vers le port, et je lui demande où il a appris à parler anglais. Je m’interroge parce que, si les français sont réputés pour avoir des difficultés avec les langues étrangères, les espagnols ne sont pas loin derrière, voire au même niveau. Il m’apprend qu’il vit à Londres depuis quelques années, où il gère des appartements avec son frère. Son anglais n’est pas parfait (le mien non plus), mais il parle couramment et cela suffit pour converser librement. Il me guide à travers les ruelles et les sens uniques, mais nous ne trouvons pas de place de parking à proximité; il m’indique de me garer sur un stationnement interdit, devant des poubelles, en me disant qu’elles ne seront enlevées que le lendemain matin. Ça devrait donc aller si je ne fais que décharger mes bagages et que sitôt fait, je déplace ma voiture pour la remettre près du port. Ce que je m’emploie à faire pour pouvoir aller voir el Cabo Ortegal et son phare. Ce n’est qu’à quelques minutes !
Avertissement concernant la vidéo qui suit :
Les images de la route datent en fait de 2024 parce que les conditions météo, lors de mon trajet en 2025, étaient tellement atroces que j’ai préféré me consacrer entièrement à la conduite. Je suppose que l’état des autoroutes est lié à leur gratuité dans cette partie de l’Espagne, toujours est-il qu’il invite à la prudence quand la pluie se fait intense. Surtout quand il y a des panneaux lumineux tous les 10 ou 20 km qui vous rappellent le nombre de décès à la même période l’année précédente. Bref, c’est une belle route sous le soleil mais, sous la pluie, elle devient vite un calvaire, surtout lors de la Semaine Sainte 😉